déc 19

Un editorial du Lancet sur le rapport O’Neill

Comme evoque lors de notre precedent article, voici la citation de l’editoral du Lancet :

« The first phase of work outlined in last week’s reports might not be as scientifically rigorous or informed by evidence as one might hope, and there now needs to be further and better engagement by scientists to sharpen the data and the message. The One Health meeting and the follow-up report with recommended actions should help this to materialise. »

 

déc 17

Infection Prevention Society: personne ne doit souffrir d’une infection evitable.

J’ai assisté la semaine dernière à une journée de conférence de l’Infection Prevention Society à Birmingham sur la mise en œuvre des recommandations dans la lutte contre les infections associées aux soins (IAS).

J’ai été surpris par le dynamisme de cette société, utilisant les nouvelles technologies (réseaux sociaux, vidéos enregistrées, conférences en ligne…)  comme moyen de dissémination des informations, et se decrivant comme un Thinktank. L’organisation était excellente: forte participation de l’audience, lieu agréable, buffet sympathique…

L’objet de la conférence était également une bonne surprise. J’ai découvert un monde évoluant en parallèle de celui des IAS : celui des sciences humaines et sociales. Les anglo-saxons étudient le domaine depuis plusieurs années. Ils ont une avance certaine dans le domaine en comparaison de la France.

Les enseignements de cette journée :

–          Développer l’usage des nouvelles technologies dans notre specialite

–          Développer les sciences humaines et sociales pour la prévention des IAS

–          Améliorer la visibilité et l’attractivité des sociétés savantes

Allez voir leur site internet et vous partagerez mon sentiment

 

déc 15

La résistance aux antibiotiques: un problème aussi préoccupant que le changement climatique

Un rapport sur l’impact medico-economique de la résistance aux antibiotiques (AMR), commissionne par le premier ministre anglais David Cameron, a été rendu publique le jeudi 11 Décembre 2014. Ce rapport coordonne par l’Economiste Jim O’Neill est extrêmement alarmiste mentionnant 10 millions de cas de décès attribuables à l’AMR par an et un cout économique global de 80 milliards de milliards d’euros d’ici 2050. Ce rapport présente l’intérêt d’attirer le regard des pouvoirs publics et des medias sur ce problème. En revanche, la mortalité attribuable est une notion complexe, qu’il faut toujours examiner avec précautions.

Tout n’est pas noir dans ce rapport. Il existe à l’heure actuelle une dynamique de recherche internationale intéressante avec une gouvernance qui commence à se mettre en place sous l’égide de l’OMS. D’autre part, les avancées en terme de biologie moléculaire vont lutter contre ce phénomène. Il ne faut cependant pas tarder. Un vrai déclic politique international est nécessaire de manière à faire passer ce sujet comme une priorité dans l’agenda gouvernemental. Comme pour le climat, les décisions d’aujourd’hui ne se ressentiront que dans plusieurs dizaines d’années.

Je vous conseille de jeter un coup d’œil aux deux rapports. Les auteurs ont fait l’effort de le rendre didactique.

AMR Review Paper – Tackling a crisis for the health and wealth of nations_1 (1)

amr-report-final

 

déc 01

La strategie de maitrise des BHRe est elle cout efficace?

Pour obtenir le PDF: BHR couteff Ricai 26nov2014 [Mode de compatibilité]

oct 24

Ebola: Evolution de l’équipement de protection individuel aux Etats-unis

oct 08

Mesures de prévention contre Ebola à l’hôpital Bichat

Journal de 20h de TF1 le 7 octobre 2014

Ebola : les précautions prises en France pour éviter la contamination

 

mai 30

Forte hausse des ERV en Allemagne

Même l’Allemagne est touchée par les Entérocoques résistants à la vancomycine!!

Une récente étude du réseau de surveillance Allemand KISS montre une augmentation significative des prélèvements cliniques à ERV entre 2007 et 2012:

  • Infections du site opératoire: +526%
  • Bactériémies: +265%

Les hypothèses de cette hausse sont les suivantes:

  • Environnementale: les animaux ont représenté un réservoir d’ERV mais les récents travaux de Willems et al
  • Des précautions moins bien respectées dans les états affectés: les données de surveillance ne semble pas confirmer cette hypothèse
  • Un nouveau variant d’ERV: Willems et al ont montré la présence d’un putative phosphotransferase system (PTS) chez les souches hospitalière (82%) qui pourrait expliquer la diffusion de ce type de souche
  • La consommation d’antibiotiques

Il s’agit en faite très probablement d’un mélange de tout cela. Les ERV sont adaptés à l’hopital. Il est très difficile de stopper leur diffusion en l’absence de mesures strictes de contrôle. D’autant plus lorsqu’il existe une consommation déraisonnée des antibiotiques.

La France avait donc t’elle raison d’adopter une politique stricte de contrôle des ERV? Cette étude tend à le prouver…

 

 

 

 

mai 22

Flux laminaire ou turbulent en chirurgie orthopédique ?

Depuis l’étude de Lidwell dans les années 80, le flux unidirectionnel apparait comme le système de traitement d’air le plus efficace. Mais est-ce vrai? Il s’agit d’une controverse lancée principalement par l’équipe Berlinoise de Petra Gastmeier. Plusieurs études successives décrivaient des résultats en défaveur du flux unidirectionnel. Par ailleurs, une revue de la littérature plaçait le flux unidirectionnel comme un facteur de risque d’infection post-opératoire. L’installation et la maintenance  coûteuse d’un flux unidirectionnel justifie la réalisation d’une analyse médico-économique.

Une étude récemment publiée a modélisé l’aspect coût-efficacité du flux unidirectionnel en chirurgie prothétique en orthopédie. Lors de cette étude, la combinaison de l’antibioprophylaxie + flux laminaire représentait un surcoût global de 3,1 millions d’euros et une perte de 127 QALY « année de vie ajustée par sa qualité ». Ces résultats amenaient à ne pas recommander le flux laminaire.

Il y a maintenant une évidence pour ne pas recommander le flux laminaire. L’intérêt d’un tel système est théorique. La « laminarité » n’est obtenue que dans un système parfait, à savoir une salle hors présence humaine et portes fermées. La réalité est toute autre, avec les mouvements de scialytique, de personnels dans le flux, de porte modifiant les caractéristiques du flux.

A quand de nouvelles recommandations sur ce sujet ?

 

jan 17

Le port systématique de gants et de tablier en réanimation permet-il de prévenir les transmissions de bactéries multi-résistantes ? Un essai randomisé.

Anthony D. Harris, JAMA. 2013;310(15):1571-1580

Porter systématiquement des gants et tabliers à l’entrée dans les chambres de réanimation. Idée intéressante ou farfelue ? L’équipe BUGG (Benefits of Universal Glove and Gown) a été créée pour établir un rationnel en partant de deux constats. Tout d’abord les précautions contact du CDC recommandent le port de gant et de tablier alors que les patients porteurs de BMR ne sont pas toujours identifiés. Ensuite, malgré de gros effort ces dernières années, l’observance de l’hygiène des mains reste faible.

Cette équipe a donc mené une étude randomisée en cluster avec un bras comportant 10 réanimations mettant en œuvre des précautions contact avec port de gant et de tablier systématique pour tous les patients et un second bras avec 10 réanimations ne mettant en place des précautions contact que pour les patients identifiés porteurs de BMR. Les acquisitions de SARM et d’ERV étaient les critères d’évaluation de l’étude.

Le port de gant et de tablier systématique n’avait pas d’impact sur l’acquisition des SARM+ERV considérés comme un indicateur composite. En revanche, lors de l’analyse des taux d’acquisition des microorganismes pris séparément, ces mesures réduisaient les SARM et pas les ERV. Ces différences de taux d’acquisition peuvent s’expliquer par les variations concernant : des modes de transmissions (environnement), l’impact des antibiotiques, la notion de sensibilité des tests avec des porteurs d’ERV non identifiés à l’admission, la notion d’endémicité des réanimations inclus dans le bras intervention. Bref, de nombreux biais potentiel, souvent présents dans ce genre d’étude qui ont néanmoins l’intérêt d’exister. Une autre observation intéressante : le port de gant et de tablier a provoqué une moindre visite des patients par les personnels (sans augmentation des évènements indésirables) ainsi qu’une observance accrue de l’hygiène des mains à la sortie de la chambre.

L’idée du port de gant et de tablier est intéressante…en théorie. Elle part du principe que si les personnels de soins portent des gants et un tablier en entrant dans la chambre d’un patient et qu’ils les jettent à la sortie, il ne peut y avoir de transmission croisée. En fait, tout est une question de contrainte. L’hygiène des mains est-elle plus contraignante que de porter des gants et des tabliers ?

Les gants ne constituent pas une protection 100% efficaces contre la transmission croisée par manuportage. Des contaminations sont possible en dehors de la chambre et au retrait des gants. Cela impose donc d’associer une bonne observance de l’hygiène des mains au retrait des gants. En France, les recommandations nationales de prévention de la transmission croisée reposent sur le principe que le port de gant est un frein à l’hygiène des mains. Les gants sont considérés comme une protection pour les soignants lors d’exposition à des liquides biologiques. Leur usage mal adapté peut lui-même accroitre le risque de transmission croisée.

Donc mieux vaut porter nos efforts sur l’observance et la qualité d’hygiène des mains en développant des méthodes les moins contraignantes possibles pour une meilleur acceptation.

 

déc 02

Interventions pour réduire la colonisation et la transmission des bactéries multi-résistantes en réanimation : une série chronologique et un essai randomisé en cluster.

Lennie P G Derde, et al, on behalf of the MOSAR WP3 Study Team

Lancet infectious diseases, October 23, 2013

L’objectif de l’étude était de tester l’effet d’une stratégie de dépistage rapide et d’isolement des patients colonisés à BMR par la mise en place de différentes stratégies de maitrise en réanimation.

Population: 13 réanimations européennes entre mai 2008 et Avril 2011.

3 phases :

  1. 6 mois de baseline, surveillance par dépistage à l’admission et 2 fois par semaine pendant 3 semaines et un fois par semaine après
  2. 6 mois : Mise en place d’un programme d’amélioration de l’hygiène des mains + toilette quotidienne des patients à la chlorhexidine évaluée en série chronologique
  3. Mesures précédentes + stratégie de dépistage rapide (PCR pour les ERV et SARM, geloses chromogéniques pour les Entérobactéries C3G-R) avec précautions contacts évalué par un essai randomisé en cluster.
  • Critère de jugement principal : nombre de patients qui acquieraient un SARM, ERV ou Entérobactéries C3G-R pour 100 journées d’hospitalisation en réanimation..
  • Critères secondaires : densité d’incidence de colonisation ou de bactériémie à SARM, ERV, Entérobactéries C3G-R ; Observance de l’hygiène des mains, durée de séjour en réanimation et dans l’hôpital et mortalité à 28 jours.

La colonisation et la bactériémie étaient considérées comme acquise si elles survenaient dans les 3 jours qui suivaient l’admission.

Population analysée en quelques chiffres:

  • 8976 patients admis pour + de 72 heures en réanimation ;
  • Plus de 40000 opportunités d’hygiène des mains avec 52% d’observance en phase 1, 69% en phase 2 et 77% en phase 3
  • Entre 10 et 22% de patients en chambre seule en fonction des phases.
  • A l’admission : 3,6% de colonisation à SARM, 4,7% à ERV (51% de E.faecium ou E.faecalis vanA ou vanB) et 12,8% à Entérobactéries C3G-R (92% BLSE+ parmi lesquels 29% carbapénémase+)
  • Tendance d’acquisition des BMR diminuait en phase 2 sans évidence de diminution de seuil entre les phases 1 et 2
  • SARM : tendance à l’augmentation en phase 1 puis tendance à la baisse en phase 2 sans diminution de seuil. Pas de changement e seuil en phase 3 avec une tendance à l’augmentation des acquisitions.
  • ERV et Entérobactéries C3G-R : pas de changement de seuil ou de tendance entre la phase 1 et les phases 2 et 3
  • Nombre total de bactériémies : 72 Entérobactéries C3G-R, 28 SARM, 9 ERV sans changement de tendances significatives entre les phases
  • Moyenne de durée de séjour en réanimation des patients à risque d’acquisition = 8 jours en phase 1 avec une tendance à la diminution en phase 2 et 26% à la fin de la phase 2; augmentation en phase 3 notamment dans le bras du dépistage rapide. La durée de séjour dans l’hopital et la mortalité n’était pas influencée par les interventions.

Donc, dans cette étude :

  • Hygiène des mains + toilette à la chlorhexidine = réduction de l’acquisition des BMR et principalement des SARM et de la durée de séjour en réanimation mais pas des ERV et des Entérobactéries C3G-R
  • La mise en place de précautions contact après dépistage rapide n’a pas d’influence sur l’acquisition des BMR.
  • L’amélioration de l’hygiène des mains en phase 2 a probablement participé à la diminution globale de l’acquisition des BMR.
  • En forte endémicité à SARM, dépistage rapide + précautions contact est un bon moyen de maîtrise. En revanche, pas d’efficacité pour les ERV et les Entérobactéries C3G-R. Le bon usage des antibiotiques serait une composante importante de la maîtrise des BMR digestives

Limites de l’étude : Grande variabilité de l’épidémiologie des hôpitaux inclus;  Pas de prise en compte de la variation de durée de séjour qui peut influencer le risque d’acquisition ; Lors du test de qualité des laboratoires de bactériologie locaux, seulement 51% des ERV identifiés en culture étaient porteurs de vanA et vanB ; pas de randomisation pour l’intervention hygiène des mains + toilette à la chlorhexidine ; pas d’évaluation quotidienne des précautions contact.

Retrouvez l’article en cliquant sur le lien suivant: LID Mosar 19nov2013

 

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